Le grand jeu international et le petit Kosovo
"Le précédent du Kosovo est un précédent
horrible. De facto, il fait voler en éclats tout le système des relations
internationales existant, pas seulement depuis plusieurs dizaines d'années,
mais depuis des centaines d'années", a fustigé le Président russe.
"Si l'Union européenne adopte une
position unie (sur la reconnaissance du Kosovo, ndlr) ou si l'Otan dépasse son
mandat au Kosovo, ces organisations vont défier l'ONU et nous allons alors nous
aussi partir du fait que nous devons utiliser une force brutale qu'on appelle
une force armée, pour qu'on nous respecte", a menacé le représentant
russe à l’Otan, Dmitri Rogozine. "Une
évolution dramatique dans les discussions entre la Russie et l'Otan est
possible", a-t-il ajouté.
Quelles seront les "conséquences
imprévisibles" évoquées par Poutine?
Jusqu’où
les Russes sont-ils prêt à aller? Se sentent-ils réellement blessé par
l’Occident? Se sentent-ils vraiment concernés par le sort du peuple serbe et du
Kosovo ? Le Kosovo n’est-il qu’un outil pour renforcer leur position
internationale? On a sans doute affaire ici à un mélange de cynisme froid et de
sincères ressentiments.
"Les Russes ont une politique assez cynique.
[...] Ils ne font rien pour aider les
Kosovars" a rétorqué la diplomatie américaine au discours de Poutine,
par la voix de Burns, numéro trois du département d’Etat.
Par
dessus le point de cristallisation des relations Russo-américaines qu’est le Kosovo,
les deux géants se jaugent et menacent. Un premier paroxysme avait été atteint suite
au bombardement "accidentel” de l’ambassade de Chine à Belgrade, par
l’Otan, en 1999, lorsque le président Eltsine avait rappelé aux Etats-Unis
qu’eux aussi possédaient la bombe...
Cette
petite région est dépassée par les enjeux internationaux qui s’y jouent. Il se
pourrait que les Serbes comme les Albanais ne se fassent déposséder de "leur
conflit” et ne se retrouvent prisonniers d’un jeu qui les dépasse : Le Kosovo
réduit à 51è Etat américain au sein de l’Europe, et la Serbie réduite à une
petite Russie à l’avenir européen renoncé.
"Tout
a commencé au Kosovo et tout y finira", a-t-on coutume de dire concernant
les guerres des Balkans. Et si vraiment TOUT finissait au Kosovo ?