Les élus locaux de la région serbe de Sandzak (ndlr : à majorité musulmane), suivront sans aucun doute l’opinion des leaders nationaux concernant le refus de la reconnaissance du Kosovo, mais les électeurs ont, semble-t-il, déjà accepté cette nouvelle réalité.
Nombre d’entre eux ne sont pas surpris par cette déclaration d’indépendance puisque, selon eux, il s’agissait simplement d’une question de temps pour que ce qui était de facto, devienne officiel.
« Nous avons eu des postes frontières avec le Kosovo pendant des années, et les pièces d’identité étaient régulièrement contrôlées, maintenant tout le monde semble surpris que l’indépendance officielle du pays ait été déclarée », a annoncé un bosniaque de Novi Pazar, qui préfère rester anonyme. « Soudain, certaines personnes sont offensés par ces postes frontières et ils les brûlent, ce qui est ridicule. »
"Comme tous les citoyens de Serbie"
Sulejman Ugljanin, le leader de la liste pour la coalition à Sandzak, qui est actuellement au pouvoir à Novi Pazar, Sjenica et Tutin, est un proche de la « coalition » entre le premier ministre Vojislav Kostunica et Velimir Ilic, ministre de l’infrastructure. Ugljanin a récemment déclaré aux médias qu’il soutenait la politique menée par les dirigeants du pays tout considérant avec respect le problème du Kosovo.
« Je dirais que les organes de l’Etat conduisent une politique sage et responsable en ce qui concerne le Kosovo », a-t-il annoncé.
Rasim Ljakic, leader du Parti Démocrate de l’opposition, proche du président Tadic, a lui aussi condamné la déclaration d’indépendance du Kosovo. Il a récemment visité la partie nord de Mitrovica, à majorité Serbe.
« Nous voulons que le peuple du Kosovo exerce tous les droits dont il a pu jouir jusqu’ici, comme tous les citoyens de Serbie. » a déclaré Ljajic qui est également ministre du travail et des affaires sociales.
Un politicien, préférant rester anonyme, a déclaré à Balkan Insight, qu’il n’était pas facile de faire de la politique aujourd’hui dans la région. Les élus locaux balancent entre le gouvernement et la volonté de leurs électeurs.
« D’un côté nous devons respecter les voix de nos sympathisant, de l’autre, nous devons respecter la position du gouvernement sur ce problème » a-t-il ajouté.
"Les gens agissent stupidemment face à la diversité"
ZIbija Sarenkapic, coordinatrice du Centre Culturel de Damad, a condamné ce qu’elle décrit comme la réplique des Serbes de Bosnie, « ils ont montré à leur manière que le pouvoir qu’ils avaient été plus important que leurs électeurs. » Elle a dit que les Bosniaques n’étaient ne soutenaient pas spécialement l’indépendance du Kosovo mais ils l’ont accepté comme une réalité, alors que les politiciens locaux essayaient de gagner des voix grâce à ce sujet.
« Depuis la déclaration d’indépendance du Kosovo, les bus avec une plaque minéralogique de Novi Pazar se sont fait attaqués à plusieurs reprises à Belgrade, Kraljevo et Kragujevac, mais ne le dit dans les médias. » a-t-elle déclaré. « Comme si tout le monde était habitué à recevoir le retour de bâton, et je me réfère au Kosovo mais aussi à la Bosnie et au Monténégro. »
Sead Biberovic, coordinateur pour une ONG appelée Urban In, partage également ce point de vue. Il insiste sur le fait que les Bosniaques savaient avaient envisagé la cession du Kosovo, déjà en 1999, à cause de la politique de Milosevic, et qu’à présent les politiciens serbes ne faisaient qu’inciter les citoyens à se rebeller.
« Les gens ordinaires sont effectivement incités à agir stupidement face à la diversité, que se soit par rapport aux noms et prénoms qui sonnent différemment ou aux plaques minéralogiques des régions peuplées de minorités. » a-t-il déclaré. « Apparemment, quelques personnes en Serbie ne savent pas que Novi Pazar n’est pas au Kosovo, ils le voient juste comme quelque chose de différent, comme un alien. »
-- Reportage original Amela Bajrovic